Le cumul d’activité dans la fonction publique : règles et implications

Le cumul d’activité dans la fonction publique est un sujet complexe et souvent méconnu par les agents publics. En effet, a priori ils se doivent de se consacrer uniquement à leurs fonctions.

Dès lors, est-il possible pour un agent public de mener plusieurs activités simultanément sans enfreindre les règles ?

L’exploration du cumul d’activités dans la fonction publique met en lumière les droits et obligations des agents publics, tout en dévoilant les possibilités et les limites de cette pratique. À travers cet article, nous plongerons dans le cadre légal qui régit le cumul d’activités, les démarches essentielles pour obtenir une autorisation adéquate, et les conséquences de ces choix sur la carrière et la vie professionnelle. Que ce soit par passion, nécessité, ou ambition, découvrir comment naviguer entre service public et intérêts personnels offre une perspective enrichissante. Cet article vise à clarifier les opportunités et risques associés, aidant ainsi les agents à faire des choix éclairés et conformes à la nature de leur emploi.

 

Comprendre les fondamentaux du cumul d’activité en fonction publique

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Principes généraux et légalité

 

Le cumul d’activité dans la fonction publique fait référence à la possibilité pour un agent public d’exercer une activité professionnelle supplémentaire en parallèle de son emploi principal au sein de la fonction publique.

Cependant, cette possibilité est encadrée par des règles strictes visant à assurer que l’activité secondaire ne porte pas atteinte aux obligations professionnelles de l’agent vis-à-vis de son emploi principal. Les agents publics doivent normalement consacrer l’intégralité de leur activité professionnelle à leurs missions. Néanmoins, sous certaines conditions, ils peuvent être autorisés à cumuler des activités, que ce soit dans le secteur privé ou public. Ces conditions incluent la non-interférence avec les missions de service public, le respect des horaires de travail et l’absence de conflit d’intérêts. La réglementation vise à prévenir les risques de conflits d’intérêts et à garantir le fonctionnement efficace du service public.

Le cumul d’activités pour un agent public est régi par des principes de base énoncés dans le Code général de la fonction publique (CGFP).

Selon l’article L. 121-3 du CGFP,  par principe un agent public doit consacrer la totalité de son activité professionnelle aux tâches qui lui sont assignées.  Ainsi, en principe toute activité accessoire doit être compatible avec les fonctions principales de l’agent et ne doit pas entraver l’exercice de ses responsabilités publiques.

La légalité du cumul d’activités dépend donc de plusieurs facteurs : l’absence de conflit d’intérêts, la non-concurrence avec le service public, et le respect des horaires de travail.

Par conséquent, la plupart du temps les agents doivent obtenir une autorisation préalable de leur administration avant de commencer toute activité accessoire. Cette autorisation est accordée après évaluation des implications potentielles du cumul sur le service public et l’intérêt général.

 

Restrictions et conditions spécifiques

Les restrictions et conditions spécifiques liées au cumul d’activités dans la fonction publique sont essentielles pour maintenir l’intégrité et l’efficacité du service public. Ces règles visent à prévenir les conflits d’intérêts et à garantir que les activités secondaires ne compromettent pas les responsabilités principales de l’agent.

Dans les conditions fixées aux articles L.123-1 à L.123-10, l’agent peut être autorisé à cumuler une activité accessoire avec son activité principale, sous réserve que cette activité ne porte pas atteinte au fonctionnement normal, à l’indépendance ou à la neutralité du service.

L’article 10 décret du 30 janvier 2020 autorise donc les agents à exercer une activité accessoire sous réserve que cette dernière ne porte pas « atteinte au fonctionnement normal, à l’indépendance ou à la neutralité du service ou ne mette pas l’intéressé en situation de méconnaître l’article 432-12 du code pénal (prise illégale d’intérêt) ».

Les articles L123-2 à L123-8 du CGFP et le décret d’application du 30 janvier 2020 fixent la liste des activités, lucratives ou non, que les fonctionnaires et les agents contractuels peuvent être autorisés à exercer auprès d’une personne ou d’un organisme public ou privé.

Les activités accessoires autorisées doivent être clairement définies et ne pas interférer avec les horaires de travail réguliers. Par exemple, un agent ne peut pas exercer une activité lucrative pendant ses heures de service public. De plus, certaines activités sont totalement interdites, comme celles liées à la prise de décisions dans le secteur privé qui pourraient influencer les fonctions publiques de l’agent.

L’agent public peut exercer une activité bénévole, au profit de personnes publiques ou privées sans but lucratif, sans demander au préalable d’autorisation. En effet, dans le respect des mêmes obligations déontologiques, l’exercice d’une telle activité bénévole est libre (décret n°2020-69, art. 10).

La production des œuvres de l’esprit, au sens des dispositions du code la propriété intellectuelle, s’exerce également librement dans le respect des dispositions relatives au droit d’auteur des agents publics (code de la propriété intellectuelle, art. L112-1 et s.), et sous réserve des dispositions relatives au secret professionnel et à la discrétion professionnelle (CGFP, art. L121-6 ; L121-7 et L123-2).

 

Processus et autorisation pour le cumul d’activité dans la fonction publique

Le cumul d’activité pour un agent public nécessite le respect d’un processus d’autorisation.

La procédure pour obtenir l’autorisation de cumuler des activités dans la fonction publique commence par une demande formelle soumise par l’agent à son administration.

L’agent adresse à l’autorité territoriale une demande écrite contenant les informations suivantes :

  • identité de l’employeur ou organisme pour lequel s’exercera l’activité accessoire,
  • nature, durée, périodicité, conditions de rémunération de l’activité accessoire,
  • toute autre information jugée utile par l’agent.

En somme, cette demande doit inclure des détails précis sur l’activité envisagée, tels que la nature de l’emploi, les horaires, et comment elle sera compatible avec les fonctions principales de l’agent.

Selon les articles L. 121-6 et L. 121-7 du Code général de la fonction publique, l’administration évalue ensuite la demande en tenant compte de divers facteurs, notamment l’impact potentiel sur le service public et l’existence de conflits d’intérêts.

La transparence est cruciale dans cette étape. L’agent doit fournir toutes les informations nécessaires pour permettre une évaluation équitable.

La décision de l’administration peut être influencée par des considérations telles que la charge de travail actuelle de l’agent, les antécédents de performance et la nature de l’activité secondaire. Si l’autorisation est accordée, elle peut être assortie de conditions spécifiques pour assurer la conformité continue avec les politiques de l’administration.

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Conséquences et gestion du cumul d’activité

L’impact du cumul d’activité sur la carrière et l’administration dans la fonction publique est un aspect crucial. Cette section examine les répercussions professionnelles et administratives du cumul, ainsi que la gestion efficace des conflits et le respect des obligations légales et déontologiques.

Le cumul d’activités peut avoir des conséquences significatives sur la carrière d’un agent public, ainsi que sur le fonctionnement de l’administration. D’une part, le cumul peut offrir des opportunités de développement professionnel, d’acquisition de compétences supplémentaires et d’expérience diversifiée. D’autre part, il peut entraîner des conflits d’horaires, une diminution de la performance au travail principal, ou même des conflits d’intérêts.

Pour l’administration, le cumul d’activités de ses agents peut influencer l’efficacité opérationnelle. Elle doit veiller à ce que ces activités n’affectent pas négativement le service public. Des politiques claires et une communication transparente sont essentielles pour maintenir l’équilibre entre les intérêts personnels des agents et les exigences du service public. L’administration doit également surveiller les activités pour s’assurer qu’elles restent conformes aux règles éthiques et légales.

La décision peut être une autorisation, éventuellement assortie de réserves ou de recommandations visant à assurer le respect des obligations déontologiques et le fonctionnement normal du service, ou un refus.

Les points clés du cumul d’activité dans la fonction publique 

Voici les points clés concernant le cumul d’activité dans la fonction publique :

  1. Autorisation sous conditions : Les agents publics peuvent être autorisés à cumuler une activité accessoire à leur activité principale, à condition que cela ne porte pas atteinte à leurs fonctions principale​​​​.
  2. Exclusivité des fonctions : Les agents doivent consacrer l’intégralité de leur activité professionnelle aux tâches qui leur sont confiées, limitant ainsi le cumul d’activité​​.
  3. Applicabilité : Les règles de cumul concernent tant les personnels médicaux que non médicaux, titulaires et contractuels de la fonction publiqu​e.
  4. Règle générale de non-cumul : En principe, le cumul d’activités est proscrit dans la fonction publique, sauf exceptions autorisée​​.
  5. Obligation d’exercice exclusif : Il existe une obligation de l’exercice exclusif des fonctions, c’est-à-dire un principe de non-cumul, avec toutefois un schéma dérogatoire permettant sous conditions le cumul d’activité​​.

Le cumul d’activités dans la fonction publique est un sujet complexe qui nécessite une compréhension des règles précises pour naviguer entre les obligations professionnelles et les aspirations personnelles des agents publics. Fondamentalement, la fonction publique impose à ses agents de consacrer l’intégralité de leur activité professionnelle aux missions qui leur sont confiées. Cette exigence vise à garantir la pleine disponibilité et l’engagement des agents publics envers leurs fonctions. Cependant, sous certaines conditions, il est possible pour ces agents d’exercer des activités complémentaires à leur emploi principal​​​​.

Les conditions sous lesquelles un agent public peut cumuler des activités sont strictement réglementées. Principalement, il est requis que l’activité secondaire ne porte pas atteinte aux fonctions principales de l’agent, qu’elle ne crée pas de conflit d’intérêts, et qu’elle respecte les horaires et obligations de service de l’emploi principal. Il existe une liste précise d’activités accessoires autorisées, telles que l’enseignement et la formation, la participation à des activités agricoles, artisanales, ou commerciales, à condition que l’agent obtienne l’autorisation préalable de sa hiérarchie​​​​.

Le cadre réglementaire permet ainsi un équilibre entre l’intégrité et l’efficacité du service public et les droits individuels des agents à poursuivre des activités personnelles et professionnelles complémentaires. Toutefois, le non-respect des règles peut entraîner des sanctions disciplinaires. La transparence, le respect des procédures d’autorisation, et la vigilance quant à la non-interférence des activités secondaires avec les missions publiques sont donc cruciaux pour les agents publics désireux de cumuler des activités​​​​.

Cette réglementation reflète la nécessité de maintenir la confiance publique dans le secteur public, tout en reconnaissant les talents et les compétences diversifiés que les agents peuvent apporter à la société au-delà de leur rôle dans la fonction publique.

Vos questions et nos réponses sur le cumul d’activité en fonction publique

Cette FAQ a été conçue pour éclairer les aspects essentiels du cumul d’activités dans la fonction publique, en répondant aux questions les plus fréquentes et importantes.

Le cumul d’activités dans la fonction publique désigne la pratique où un agent public, en plus de ses fonctions principales, exerce une ou plusieurs activités secondaires. Ces activités peuvent être dans le secteur public ou privé, mais doivent toujours être autorisées par l’administration et compatibles avec les fonctions principales de l’agent.

Les agents doivent obtenir une autorisation de leur administration pour cumuler des activités. Les conditions incluent l’absence de conflit d’intérêts, la non-concurrence avec le service public, et la compatibilité avec les horaires et responsabilités de l’emploi principal.

La demande d’autorisation de cumul doit être formellement soumise à l’administration, avec des détails sur l’activité secondaire envisagée. L’administration évaluera ensuite la demande en considérant divers facteurs, notamment l’impact sur le service public et les conflits d’intérêts potentiels.

Les critères d’évaluation incluent l’évaluation des conflits d’intérêts potentiels, l’impact sur les horaires de travail et la compatibilité avec les responsabilités professionnelles. La nature de l’activité secondaire et son alignement avec les objectifs de l’administration publique sont également pris en compte.

Le cumul peut offrir des opportunités de développement professionnel et personnel, mais peut aussi entraîner des conflits d’horaires et une diminution de la performance au travail principal. L’administration doit veiller à ce que les activités secondaires ne nuisent pas à l’efficacité du service public.

Oui, mais uniquement sous certaines conditions, notamment que la somme des temps de travail n’excède pas la durée légale du travail et que l’agent obtienne une autorisation pour chaque emploi supplémentaire.

 

Le non-respect des règles peut mener à des sanctions disciplinaires, y compris le licenciement. Il est crucial de respecter les limites imposées pour maintenir l’intégrité de la fonction publique.

 

Juriste droit public des affaires

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